A peine l'arrestation de Bruno Cholet opérée à la suite d'une enquête remarquable en tous points, la polémique a éclaté et s'est développée sur des dysfonctionnements (mentionnés par le Parisien) qui, pour être préoccupants, sont sans commune mesure avec le succès précédent. Mais il est vrai qu'on est en France où vite l'accessoire doit recouvrir l'essentiel.
Emission surréaliste, hier soir, au Grand Journal de Michel Denisot où le psychanalyste Serge Tisseron et quelques jeunes gens sont venus disserter du nouveau jeu interactif GTA IV, qui n'offre rien de moins que l'opportunité, pour s'amuser, d'un certain nombre de périples urbains avec violences, vols et notamment "car jacking". Ce qui m'a stupéfié, c'est, dans l'ensemble, l'écoute bienveillante, le regard amusé, l'absence totale de réflexion sur les dérives d'une société marchande qui va proposer, avec le sourire, les moyens de se faire piller et les possibilités de l'immoralité. La comparaison avec la violence au cinéma était absurde puisque celle-ci, la plupart du temps, est mise en scène dans des films dont le sens la dépasse. Il me semble évident que faire se rejoindre le ludique et le sauvage va continuer à amplifier un mouvement où les frontières entre le réel et le virtuel, le permis et l'interdit seront de moins en moins nettes, le respect d'autrui de moins en moins assuré. Mais on est en France et cela fait rire.
La politique internationale de la France, les droits de l'homme, le droit d'ingérence, les missions humanitaires, la Chine, le Tibet, les Jeux olympiques, la Tunisie, tout, depuis quelque temps, manifeste que le citoyen ne peut plus se tenir éloigné de ce passionnant débat, qu'il a l'obligation, lui aussi, d'avoir "le coeur intelligent" selon la belle formule appliquée à Germaine Tillion. Si le monde est devenu un village, nous sommes tous appelés à devenir les gardiens sourcilleux ou non de la morale internationale. Si on croit que celle-ci existe et qu'elle mérite d'être enseignée ou rappelée.
Jean-Pierre Raffarin revient de Chine et nous annonce que cet immense pays sort de "la dictature". On sait que des dissidents, des journalistes, des citoyens courageux au quotidien, des personnes modestes réclamant, en matière de libertés publiques, le strict minimum, sans outrance ni violence, avec le seul recours de leur voix nue, sont emprisonnés pour de très longues périodes. On sait aussi que de nombreuses exécutions font bon marché de la vie humaine. On sait enfin qu'à côté ou au sein d'un formidable développement économique, l'étau politique et partisan de l'Etat reste toujours aussi serré et que la démocratie n'est pas pour demain, si elle survient jamais. Alors, ce n'est peut-être plus "la dictature" mais cela y ressemble fort.
Ce propos orienté de notre ancien Premier ministre n'aurait pas une importance décisive s'il ne s'inscrivait dans une problématique plus large visant, dans la vie internationale, à de la retenue et à de la précaution, au profil bas, à un relativisme théorisé et assumé. Le président de la République lui-même, en voyage officiel en Tunisie, souligne qu'il n'a pas vocation, pour les droits de l'homme, à être "donneur de leçons" et on assiste à ce paradoxe du président Ben Ali alléguant, au contraire, qu'il est prêt à en recevoir. La philosophe Chantal Delsol, dans le même registre que Nicolas Sarkozy mais au sujet de la Chine, affirme, dans le Figaro, que si ce pays n'a pas la même conception de l'humanisme que nous, nous n'avons aucun titre, pourtant, à le critiquer car nous partagerions l'essentiel. La différence fondamentale serait que la France s'attacherait aux droits de l'homme comme individu tandis que l'Etat chinois en aurait une vision communautariste. Pour nous, l'homme serait singulier, pour lui, inséré au sein d'un pluriel. L'opprobre, selon Chantal Delsol, devrait tomber seulement sur Cuba et la Corée du Nord.
Je comprends le mouvement qui a conduit l'Occident, et donc la France, à être moins arrogante en dispensant ses enseignements humanistes, frappés, assurait-on, du sceau de l'universel. Cette stratégie de la morale assénée de manière totalitaire a sans doute blessé bien des Etats et nous est revenue comme un boomerang, lors de nos propres manquements. Faut-il pour autant virer de bord et, dans une synthèse où l'éthique modeste occupe une part moindre que le souci commercial, abandonner toute vocation à une pédagogie qui saurait demeurer ferme sans devenir injuste ? Il est évident que nous n'avons pas à substituer nos valeurs à celles d'autres sociétés à la condition que ces dernières existent et soient respectables. Dans les interstices, derrière l'apparente compatibilité des systèmes sociaux et politiques, il n'est plus question de principes ni de valeurs. Mais de morts et d'enfermements. De transgressions qui ne devraient pas être régies par les humeurs étatiques mais interdites par la bienséance humaine. Aussi, refuser de se comporter, pour la morale internationale, en impérialiste n'implique pas, bien au contraire, qu'on ait à "jeter l'éponge" pour toutes les malfaisances sur lesquelles notre pays a le droit d'avoir un regard, parce qu'il ne les commet pas chez lui.
Sauf évidemment à considérer que notre Etat de droit, en deçà des apparences célébrées, serait si peu digne d'éloge qu'il ne nous autoriserait sur aucun plan à nous ériger en modèle. La conscience de nos faiblesses démocratiques ne peut pas nous conduire à une telle abstention. Il est évident que nous serons toujours fondés à dénoncer le pire parce qu'il n'aura jamais eu, ou n'a plus, droit de cité chez nous.
En ce qui concerne l'argumentation de Chantal Delsol, ce n'est pas une nuance négligeable que d'appréhender l'homme seul ou au milieu des autres. Comment ne pas remarquer que les totalitarismes sanglants, poussant à la limite cette vision collective du sujet enfermé dans la multitude, ont constitué le dramatique triomphe du communautarisme ? L'homme comme individu, ce n'est pas, alors, une conception équivalente à l'autre mais, à l'évidence, moins porteuse de désastres.
Droit d'ingérence. Arrogance. Impudence. La France donneuse de leçons. J'accepte de rejeter ces expressions de la vanité occidentale au rebut de l'Histoire.
Si on ne va pas doucement, lâchement, parce que c'est commode, facile, moins épuisant, plus rentable, vers un devoir d'indifférence. La France des Lumières ne les a pas toutes mais elle en a quelques-unes à faire valoir. A porter au-delà d'elle-même.
Il est prudent d'écouter Chantal Delsol, et de revoir nos ardeurs à la baisse concernant la promotion du Tibet traditionnel :
www.spe.over-blog.com
Merci à elle.
"La question tibétaine dont s'emparent avec naïveté et quelque hypocrisie toutes nos bonnes consciences occidentales, est plus compliquée qu'il n'y paraît." Christine Ockrent
Rédigé par : DAT | 21 novembre 2008 à 20:51
http://tunisie-harakati.mylivepage.com
Les dérives d'une justice singulière touchent des tas de nations et notamment la Tunisie. Tout devient virtuel, on s'adapte à tout, les mentalités n'évoluent pas toujours dans la logique, les victimes de ce système se multiplient sans cesse et on se retrouve avec des milliers de Sameh Harakati qui subissent la situation en demandant justice.
http://tunisie-harakati.mylivepage.com
Rédigé par : Mohamar | 21 juin 2008 à 13:39
C'est en effet très émouvant. Merci
Rédigé par : Laurent Dingli | 18 mai 2008 à 17:18
Sans aller chercher des cas extrêmes dans d'autres pays, question barbarie, il suffit de constater l'attitude de certains français au moment de leur départ en vacances :
- abandon des chiens en forêt ou dans tout autre lieu, attachés de préférence…
- idem pour les chats, ils sont plus faciles à abandonner, à supprimer !
pour ne parler que d’eux.
Certains ne reculent même pas, pour leur tranquillité, à supprimer la partie du corps de l’animal sur laquelle se trouve encrée une identification tatouée qui permet de retrouver le maître.
Aussi, il est bon, parfois, d’écouter cette magnifique chanson de Georges Chelon... :
VietYouTube.com - Vietnamese Video Colletion on YouTube - Sampa
Je m'appelle Sampa
Et bien que chien bâtard
Je fais tourner la tête
A bien des pedigrees
Je m'appelle Sampa
Je suis né quelque part
Je m'appelle Sampa
Et mon histoire est belle
Je mouille des divans
Je souille des parquets
Je vis auprès d'un roi
Comme un chien de poubelle
Je m'appelle Sampa,
Et j'ai des yeux qui parlent
Un corps qui fait le fou
Un cœur qui se remplit
De tant et tant de joie
Qu'une caresse régale
Je m'appelle Sampa
J'ai des maîtres fidèles
Lui me donne du mal
A me faire obéir
Mais quand il n'est pas là
Je suis seul avec elle
Son amour à lui
C'est mon amour à moi
Comme elle est jolie
Comme elle est gentille
Son amour à lui
C'est ma maîtresse à moi
Et, quand elle me sourit
Moi j'ai les yeux qui brillent
Elle m'appelle San San
Et je l'aime et elle m'aime
La nuit je dors près d'elle
Et au matin je la réveille
D'un coup de patte
Ou bien d'un coup de dent
Je m'appelle Sampa
Et mon histoire est courte
Pour aller du lit où je dormais
Jusqu'au jardin où je repose
Il ne m'aura pas fallu un an
Toi le jardin, je te connais
Dans tes moindres recoins
Hier encore je t'ai prêté un os
Aujourd'hui je te donne les miens
Je m'appelais Sampa
Et j'étais chien bâtard !
Sampa
by Georges Chelon
Rédigé par : Marie @ Aude & Laurent Dingli | 17 mai 2008 à 11:42
@ Marc,
Je me permets de vous contredire, Monsieur, car il a déjà été démontré, et dénoncé sur ce blog, que des forces de l’ordre gendarmerie et/ou policiers, sont intervenues, il y a bien deux années maintenant, dans des établissements scolaires pour « informer » des jeunes que la violence virtuelle n’était nullement réelle mais que la violence de la rue, elle, l’était véritablement et qu’elle pouvait tuer. Certains jeunes, à la grande surprise, paraissaient le « découvrir » !
Par ailleurs un article du "Courrier international" de l'année dernière au titre : "PSYCHOLOGIE • Violence et jeux vidéo : une association à ne pas diaboliser" rapportait une étude menée par l'université de technologie Swinburne à Melbourne, en Australie, à laquelle auraient collaboré 120 individus âgés de 11 à 15 ans...
"les jeux vidéo rendent les jeunes plus violents seulement si ces derniers manifestent déjà par ailleurs de l'agressivité".
http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=72882
Toutefois, la console GTA IV est interdite au moins de 17 ans aux EU, en Australie, je l'ignore et aux moins de 18 ans en France. Cela empêchera t-il des mineurs de l’obtenir ??? Lorsqu’il y a des enjeux financiers importants qui croire ?
Certains oublient que dans le milieu des années 90, un jeu autrichien s’est vendu sous le manteau : jeu pro nazi qui consistait à tuer, exterminer…
Sur internet, sont recensés 7776 jeux : stratégie, action, aventure, combat, simulation, réflexion, MMO, FPS, RPG, etc… (d’autres devaient sortir !)
Rien qu’au mot « guerre » vous trouviez en février 2008 :
# Guerre (592)
# Guerre/Antiquité (13)
# Guerre/Blindés (15)
# Guerre/Force d'intervention (8)
# Guerre/Futuriste (84)
# Guerre/Hélicoptère (31)
# Guerre/Historique (232)
# Guerre/Nautique-Naval (14)
# Guerre/Post-nucléaire (2)
A Noël fut lancé le jeu “Assassins”, au graphisme superbe, l’action se déroulant au XIIème siècle à Jérusalem.
Si les jeux violents n’avaient aucun effet sur les enfants, pourquoi les Japonais, à l’époque de Dorothée, ancienne animatrice des émissions enfantines, avaient-ils interdit, simplement, la diffusion des dessins animés réalisés dans leur pays, uniquement destinés à l’Occident ? Dorothée en avait obtenu le monopole ! Et question violence, les enfants furent servis.
Rédigé par : Marie @ Marc | 17 mai 2008 à 10:21
@Laurent Dingli
Une fois de plus, votre texte marque.
Quand j'ai compris le sort que certains espagnols réservaient aux ânes, chèvres, taureaux sous couvert de traditions, j’ai pensé que la loi espagnole ne devrait pas permettre des actes aussi barbares.
Aussi, je reconnais que ma phrase concernant ces derniers était, pour le moins, maladroite.
Je suis d'accord avec vous lorsque vous dites que nul peuple n’a le triste privilège de la cruauté.
J'ai eu l'occasion de voir un reportage sur des combats de coqs organisés dans certaines régions de France avec des paris à la clef.
Cela n'est guère mieux.
J’aime beaucoup votre exemple concernant ce grand-père indien refusant de tuer sa petite-fille, refusant justement la tradition et laissant simplement parler son cœur et sa propre réflexion.
La tradition, vous avez raison, est un bel alibi, une belle façade qui cache des choses nettement moins belles et moins avouables.
Un homme maltraitant un animal pourra maltraiter, avec la même virulence, ses enfants, j’en suis persuadée.
Bien à vous.
Rédigé par : Aude | 12 mai 2008 à 14:45
Afin de poursuivre notre réflexion, je vous adresse ci-dessous un petit texte que je viens d'écrire ailleurs sur ce thème :
Il est vrai que les Français, comme les autres hommes, ont plus facilement tendance à dénoncer ce qui se passe ailleurs en matière de souffrance animale. Je l’ai souvent écrit, pour le foie gras, la corrida, comme pour bien d‘autres actes de barbarie couverte par le sceau de la "tradition" . Dans ce sens, le terme de "tradition" n’a jamais été pour moi qu’un alibi. Et j’ai souvent fait à ce sujet l’analogie avec les souffrances infligées aux êtres humains, même si cela choque certains. Exciser les petites filles est une tradition dans certaines régions d‘Afrique. Cela rend-il pour autant cette pratique acceptable ? Bien sûr que non. J’ajoute que les personnes qui se retranchent derrière la notion d’identité oublient que cette dernière est évolutive et n’a jamais été figée. Certaines tribus indiennes d’Amazonie avaient par exemple coutume de tuer les enfants qui souffraient de malformation. Cette sorte d’eugénisme intra ethnique s’expliquait par la nécessité d’assurer la survie du groupe dans un milieu difficile. Récemment, une famille indienne du Brésil, qui s’est trouvée dans ce cas de figure, a pourtant refusé de tuer une petite fille handicapée. Les parents ont essayé, mais n’ont pas pu. Le grand-père a essayé à son tour, en décochant une flèche, mais n‘a pas eu le cœur d‘achever l‘enfant. Le plus révélateur dans cette histoire c’est que, tandis que les Indiens voulaient épargner leur petite fille, un ethnologue brésilien (blanc) recommandait aux autorités de les laisser suivre leur tradition, et donc d’assassiner cette enfant handicapée… Malgré toutes les études qu’il a faites, cet ethnologue n’a pas compris que les Indiens avaient changé et qu’ils demandaient à la société elle-même d’entériner cette mutation. La tradition, lorsqu’elle induit une souffrance humaine ou animale, doit être combattue.
Rédigé par : Laurent Dingli | 12 mai 2008 à 10:23
@ Aude,
Nul peuple malheureusement n'en a le triste privilège.
Les choses changent cependant, bien que toujours trop lentement.
Cordialement
Rédigé par : Laurent Dingli | 11 mai 2008 à 16:04
@Laurent Dingli
Du spectacle de la violence, de l'Espagne et des vestiges de l'obscurantisme
J'ai du mal à croire ce que je viens de lire...
Reste un noeud dans la gorge et une envie de pleurer.
Je n'imaginais pas le peuple espagnol aussi arriéré et cruel.
Rédigé par : Aude | 11 mai 2008 à 14:27
Du spectacle de la violence, de l'Espagne et des vestiges de l'obscurantisme :
http://www.protection-des-animaux.org/ipb/index.php?showtopic=24097&st=0
Rédigé par : Laurent Dingli | 11 mai 2008 à 12:03
Merci Aude pour votre appréciation si aimable. J'ai du malheureusement interrompre la rédaction de ce blog pour avancer mon prochain roman car je suis loin d'avoir la capacité de travail de notre hôte. Bien à vous.
Rédigé par : Laurent Dingli | 07 mai 2008 à 09:13
@Laurent Dingli
J'avais été très touchée par le portrait de Muriel Arnal que vous aviez écrit et à travers le texte de Philippe Bilger intitulé "De l'odieux à revendre", j’ai instantanément pensé à la cause animale que vous défendez si bien.
Je vous remercie aussi car votre blog et celui de notre hôte sont dans mes favoris.
Rédigé par : Aude @ Laurent Dingli | 06 mai 2008 à 19:18
Oui, Aude, vraiment, selon mon arithmétique à moi, votre équation ne permet aucun doute. A peine peut-on en déduire que j'ai le verbe fleuri lorsqu'on me chatouille sous les bras.
Laurent Dingli, chut, je dors. Je fais un rêve merveilleux où Aude se trouve et où vous n'êtes pas.
Le blog de Philippe serait-il la version littéraire de GTA IV ?
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 06 mai 2008 à 14:47
@ Aude,
Vous mettez, vous aussi, Jean-Dominique Reffait devant ses contradictions. Attention, il pourrait vous traiter de sotte...
A propos, merci, car c'est grâce à vous, je crois, que j'ai découvert le blog de Philippe Bilger. Vous aviez eu en effet la gentillesse de mentionner le texte que j'avais écrit à cette époque sur la souffrance animale.
Rédigé par : Laurent Dingli | 06 mai 2008 à 14:29
@ JDReffait
"Il me plaît donc d'avoir mes têtes : têtes de lards ou têtes de cons."
plus
"Le mec qui se qualifie lui-même de sur-diplômé, ça me le classe direct dans le tiroir des incurables cons, navré de vous le dire !"
plus
"Tiens, j'ai envie de t'éclater la gueule, tu permets ? C'est pour jouer !"
égal
"La haine est un sentiment inconnu de moi, hélas. "
Vraiment ?
Rédigé par : Aude | 06 mai 2008 à 13:18
Jean-Dominique Reffait,
Le fait que j'aie pointé vos contradictions vous met en rage, je le conçois fort bien. Le silence méprisant dans lequel vous aviez un moment tenté de vous cantonner n'a pas duré longtemps. A vrai dire, je ne sais pas ce que je préfère chez vous, si c’est le caractère argumenté de votre indignation ou la grande subtilité de vos commentaires. Je vous avoue que je me délecte en les lisant. C’est un peu, pour moi, comme un divertissement quotidien.
Rédigé par : Laurent Dingli | 06 mai 2008 à 10:44
Catherine Jacob,
Envoyez-moi donc votre photo et je promets de la placer au centre d'un autel connu de moi seul où je lui vouerai un culte aussi secret que dévot.
Marcel, le vrai,
La haine est un sentiment inconnu de moi, hélas. Je réagis à des comportements ou à des propos ponctuels et j'oublie. Souvent je m'amuse, je chambre, en riant et des autres et de moi.
Laurent Dingli,
"Vous êtes un sot en trois lettres, mon fils"
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 05 mai 2008 à 13:57
@Marie,
Oui enfin, dans tous les domaines et en particulier les questions éducatives, je ne voudrais pas dire ni monopoliser à nouveau le débat mais les Japonais sont tout de même assez spéciaux !
Je vois que vous ne mentionnez pas le poker et son petit M1911 de derrière les fagots ? Ceci rappelé juste pour souligner que la violence naît plus de la passion, donc du caractère, ainsi que des enjeux qu'on y met que des cartes elles-même ou de la cartouche vidéo avec laquelle on charge la console.
Quant à «Mein Kampf » le problème n'est pas tant de le rééditer maintenant qu'on sait de quoi il retourne, que de ne pas l'avoir lu quand il était encore temps d'en tirer des prévisions utiles.
Rédigé par : Catherine JACOB | 05 mai 2008 à 08:02
@Marc, Laurent Dingli, Duval Uzan
Comme en tout domaine hormis celui des infractions pénales et autres crimes et délits condamnables par définition, ce qui est à éviter ce sont les excès. Excès de sommeil, excès de bonbons, excès de temps passé dans la plus mauvaise compagnie qui soit, à savoir seul avec soi-même, comme disait un auteur dont le nom m'échappe provisoirement, abus de sport (si on force trop, trop longtemps, trop jeune sur les articulations on se retrouve en effet vieux et rhumatisant à moins de trente ans), excès de mauvais cholestérol (bien qu'en la matière l'hérédité joue un rôle), excès de discipline (sinon on finit par marcher au pas de l'oie au propre et au figuré), excès de feria (pas de mise à mort) et excès de corrida (même si vus de loin les aficionados me paraissent moins excessifs que certains supporters du PSG !), et bien sûr excès de confrontation quotidienne à l'univers virtuel des jeux vidéos qui aident les mamies à mieux dormir cependant, un bon Super Mario Bross qui laisse vanné valant très largement un bon somnifère, tous les champignons récoltés étant en effet virtuels, pas de risque de ne pas se réveiller !
N'oublions pas de prescrire cependant une bonne petite hystérie collective de temps en temps !
Rédigé par : Catherine JACOB | 04 mai 2008 à 18:12
J'ai entendu, il y a deux jours, que l'Allemagne projetterait de rééditer : "Mein Kampf".
Rédigé par : Marie | 04 mai 2008 à 15:14
La série Grand Theft Auto, dont 70 millions de copies ont déjà été écoulées, est accusée régulièrement aux Etats-Unis d'avoir une influence néfaste sur les jeunes joueurs, d'inspirer de vrais criminels, GTA fabriquerait des « tueurs de flics »…
Le jeu invite à se glisser dans la peau d'un personnage à la morale douteuse effectuant des missions allant de l'assassinat au braquage de banque et au vol de voiture.
« Au Japon, en juin 2005, un jeune de 15 ans, fan de jeux vidéo, et particulièrement de Grand Theft Auto III a assassiné ses deux parents en les battant à mort. Le jeune adolescent a ensuite terminé sa funeste journée en faisant exploser l'appartement familial au moyen d'explosifs fabriqués par ses soins… ». Les autorités furent interpellées par nombres de débats sur la violence dans les jeux vidéo, particulièrement alimentés par GTA III depuis sa sortie en 2002 sur PlayStation 2.
En France, l’association Famille de France s'est battue contre ce titre, déjà à cette date.
Le héros de la version "GTA IV" est notamment amené à fréquenter des prostituées et à conduire en état d'ivresse... Les ventes pourraient atteindre neuf millions de copies avant la fin de la première semaine.
La police britannique recherchait mardi l’assaillant d’une personne qui a été poignardée alors qu’elle passait devant une file de consommateurs en attente d’acheter la toute dernière édition de ce jeu vidéo ultra violent… ??
C’était quand même plus tranquille au temps des jeux en famille, de famille : le jacquet, la belote, le tarot, la manille, la crapette….
Rédigé par : Marie | 04 mai 2008 à 14:58
@ laurent dingli,
Bonjour
D'accord avec tout ce que vous dites, la corrida c'est le comble de la cruauté. Je me suis toujours révoltée en voyant les quelques morceaux que la télé nous imposait plus ou moins sans nous donner le temps de tourner la tête. C'est vraiment l'horreur personnifiée que l'on applaudit.
En ce qui concerne le réel et le virtuel, comme il arrive que pour une raison ou une autre quelqu'un puisse souhaiter la mort de l'autre, et que ce sentiment puisse générer un sentiment de culpabilité etc... les psychologues et les psychanalystes insistent sur la différence entre le "vrai" et le "faux" c'est-à-dire entre le désir et sa réalisation, afin que l'enfant puisse justement les distinguer.
On aime ou en tue pour "de faux" c'est-à-dire sans passage à l'acte, seulement dans la pensée.
De là à en faire un jeu c'est une autre affaire je dirais même que c'est une préparation au vrai, un exercice, une simulation, alors que nous devons barrer le chemin de la réalisation.
Dire que la publicité n'a pas d'influence sur nos comportements est une inanité, quand on voit tout ce qu'elles coûtent aux demandeurs.
Maintenant que l'on a l'intention d'interdire la publicité à la télé, on va bien sûr chercher d'autres façon de nous bourrer le crâne.
J'ai le sentiment que cela n'est pas sans rapport avec la disparition de la névrose obsessionnelle et de l'hystérie, dont l'anorexie est en train de prendre la place.
Duval Uzan
Rédigé par : Duval Uzan | 04 mai 2008 à 09:19
Duval Uzan
«On veut tout : se marier avec une personne du même sexe alors que la définition du mariage est l’union d’un homme et une femme, être homosexuel et se marier, être mère et ne pas enfanter, être père tout en étant une femme, avoir le droit à l’égalité tout en criant sa différence etc…»
N'oublions pas mère tout en étant homme et jamais assez égaux vu que le désir d'égalité a ceci de commun avec le conte «Les souhaits» [http://users.swing.be/paroleactive/souhaits.htm ], que plus on en a plus on en veut.
Rédigé par : Catherine JACOB | 03 mai 2008 à 21:41
Bonjour
Il ne faut pas être stupéfait de ce qui se dit sur les plateaux des télévisions car on n’y invite que ceux dont les réponses coïncident avec ce que le journaliste attend et veut entendre. L’animateur des débat est déboussolé que l’on ne se plie pas à cette règle.
C’est ce que Charles Melman, qui lui est un psychanalyste , appelle la « communauté de pensée, qui n’est articulée nulle part qui ne se réfère à rien de saisissable, mais qui s’impose à chacun des participants à de tels débats.
Si vous n’y adhérez pas, si vous n’êtes pas en phase, vous êtes rejeté.
C’est que le libéralisme a des limites.
Si on avait invité Cherles Melman les réponses auraient été autres et il nous aurait parlé de cette fameuse N.E.P. (la nouvelle économie psychique) actuellement en vogue, voir son livre "L’homme sans gravité", l’émission réplique sur France Culture mériterait d’être rediffusée. Charles Melman nous dit :
"Il existe désormais un remarquable consensus au niveau des comportements, des conduites, des choix en faveur de l’adoption spontanée d’une morale nouvelle. Il y a une nouvelle façon de penser, de juger, de manger, de baiser, de se marier ou non, de vivre la famille, la patrie, les idéaux, de se vivre soi-même.
Depuis que Jacques Lacan a diffusé sa fameuse phrase « l’analyste ne s’autorise que de lui-même, beaucoup se la sont accaparé et en ont fait leur fond de commerce. Bernard Accoyer avait essayé d’y mettre un peu d’ordre mais n’a pas réussi.
Alors il faut que les parents se protègent et protègent leurs enfants de toutes les âneries qui se disent sur ces plateaux au nom des psychanalystes et qu’ils accomplissent leur devoir et leur obligation d’éducation envers leurs enfants. Sinon ils vont se retrouver avec des enfants qui non seulement s’amuseraient à malmener les vieilles, mais aussi à les asperger d’essence dans les bus et y mettre le feu, à profaner les morts dans les cimetières, à foncer sur la Tour Eiffel par des avions suicides etc…
« Les arguments éducatifs ne sont actuellement que ceux qui sont bons pour la vente.
Notre journalisme soit-disant d’investigation se complaît dans le sensationnel, l’exhibitionnisme et le tout est permis qui se vend bien.
La grande philosophie morale aujourd’hui est celle que chaque être humain devrait trouver dans son environnement de quoi le satisfaire pleinement. Et si ce n’est pas le cas c’est un scandale, un déficit, un dol, un dommage. Ainsi dès que quelqu’un exprime une quelconque revendication, il est légitimement en droit - et à défaut, la législation est rapidement modifiée - et sa revendication satisfaite.
Le droit actuel stipule que toute revendication est légitime et doit être satisfaite, que si non il y a injustice et dol. Si quelqu’un reste en souffrance de satisfaction, ce n’est plus acceptable, il doit y être apporté remède et la justice s’en chargera…… »
Le droit me semble donc évoluer vers ce qui serait maintenant au même titre que la médecine dite de confort, un DROIT DE CONFORT….
Celui qui est susceptible d’éprouver une insatisfaction se trouve du même coup identifié à une victime puisqu’il va socialement souffrir de ce qui sera devenu un préjudice que le droit doit réparer » .
On veut tout : se marier avec une personne du même sexe alors que la définition du mariage est l’union d’un homme et une femme, être homosexuel et se marier, être mère et ne pas enfanter, être père tout en étant une femme, avoir le droit à l’égalité tout en criant sa différence etc…
C’est sans doute là l’effet de l’héritage (peut être empoisonné) de mai 68.
Rappelons-nous qu’à « l’interdit d’interdire » il faut toujours ajouter un autre interdire.. Il est donc interdit d’interdire, d’interdire…
Le enfants ont besoins de « NONS » c’est même leur premier MOT (cf Spitz « De la naissance à la parole), l’enfant rejette le biberon c’est ce qui constitue son identité, sa singularité.
Je constate que l’âge mental de « la choque » a sensiblement augmenté.
Les scènes choquantes étaient précédées d’un avertissement « risque de choquer les moins de 18 ans , puis les moins de 16 ans puis les moins de 12 ans j’ai vu même il n’y a pas très longtemps risque de choquer les moins de 6 ans ! Alors quand verra-t–on risque de choquer les plus de 60 ans ???
(Je vous signale de très bonnes émissions sur France Culture, les quatre derniers jeudis à 14 heures, sur la psychiatrie y est abordé le problème de la peine de précaution).
J’ajoute que je suis tout à fait d’accord avec ce que dit Laurent Dingli.
C’est très dur d’être obligé de tuer les bêtes pour vivre. C’est pour cela que la religion juive en a limité l’autorisation aux rabbins et ne permet pas à tout le monde de verser le sang, même celui des bêtes.
Duval Uzan
Rédigé par : duval uzan | 03 mai 2008 à 18:35
Jean-Dominique,
Pour ma part, je considère bien plus dangereux ceux sont qui sont capables d'haïr un autrui bien réel pour un désaccord de principe plutôt que ceux qui font du mal à des personnages dans des jeux.
Mike,
Avez-vous à tout hasard le commencement d'une analyse statistique pour appuyer vos constatations, ou devons-nous nous fier à vos présomptions bien à vous ?
Rédigé par : Marcel Patoulatchi (pas l'autre Marcel) | 02 mai 2008 à 17:38
@" Et que la tête de "mot" me soit apparue d'une excellente "jouabilité" n'augure en rien du sort que je réserve à la vôtre à laquelle je n'ai nulle envie de rien faire subir d'outrageant !"
De fait ce qui pourrait être outrageant, ce ne serait pas de prendre une tête que vous pourriez imaginer à ma ressemblance, l'exposer à un pilori virtuel et lui envoyer des tomates, mais de me le faire savoir. Pour l'heure, quelle que soit votre pratique effective de ce rituel qui s'apparente quelque part à de la magie noire, je vous suis reconnaissante de me faire savoir que je n'en suis pas l'objet.
La question des simulacres est trop vaste pour être abordée en quelques lignes, mais on peut souligner que déboulonner les idoles (statue de Lénine, veau d'or etc..) est un acte significatif sur le plan de l'outrage dès lors qu'accompli dans la sphère publique, tandis que déchirer une photographie et/ou la brûler dans sa cheminée ou encore romantiquement à la flamme d'une bougie est un acte qui s'apparente plutôt à une forme de thérapie individuelle.
Rédigé par : Catherine JACOB | 02 mai 2008 à 17:19
Jean-Dominique Reffait,
Dommage que votre tirade méprisante et pleine d'ironie fielleuse s'applique à la Tunisie et pas à la Chine que vous exonérez au contraire si promptement de tous ses crimes. Les leçons de morale que vous assènez aujourd‘hui, non sans ridicule, vous semblaient alors des plus déplacées. Ce qui devient exploitation à la schlague en Méditerranée n‘était, pour votre humanisme borgne, que le fruit du progrès sur les rives du Fleuve Jaune. De même que vous découvriez miraculeusement, il y a quelque temps, que l'on pouvait être à la fois vichyste et résistant, uniquement parce que cela convenait à la légende rose de feu Mitterrand. J’ai songé à vous et au camarade sénateur Mélanchon, hier, en écoutant le défunt Georges Marchais déclarer très sérieusement, depuis Moscou, en 1980, que les Soviétiques avaient sorti l’Afghanistan du Moyen Age... L’époque a changé, mais les arguments restent les mêmes... Faudrait-il croire que seule l'idéologie vous guide et oriente votre esprit, toujours dans la même direction ? Prenez garde, c'est ainsi que les ânes attachés à un mât finissent par tourner en rond.
Rédigé par : Laurent Dingli | 02 mai 2008 à 17:14
Chère Catherine Jacob, les bienfaits de la Révolution, de la déclaration des droits de l'homme et de la démocratie nous contraignent parfois à considérer avec une égale complaisance les propos les plus imbéciles et ceux qui forcent la porte de notre intelligence. Il me plaît donc d'avoir mes têtes : têtes de lards ou têtes de cons.
Faire violence à une femme, fusse la plus acariâtre des femelles, n'entre pas dans la sphère du possible pour l'arriéré que je suis, ni dans la réalité, ni dans la virtualité. A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, et gagner des points à briser le col du fémur d'une ancêtre m'apparaît comme une lâcheté insigne, même au jeu. Combattre un alien baveux, terrasser mille ennemis surarmés, réduire Dark Vador à manger de la purée, oui, je le conçois mais lorsque la lâcheté s'institutionnalise et rapporte des points, permettez-moi d'exprimer mon mépris. Ce n'est pas la violence d'un jeu qui me dégoûte mais les conditions dans lesquelles elle s'exprime en l'occurrence. Et que la tête de "mot" me soit apparue d'une excellente "jouabilité" n'augure en rien du sort que je réserve à la vôtre à laquelle je n'ai nulle envie de rien faire subir d'outrageant !
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 02 mai 2008 à 12:57
@ Catherine Jacob
Je partage votre réaction quant à la teneur et au ton de certaines réponses.
Il y aurait également une éducation à la rédaction de commentaires à initier...
Bien à vous
Marc
Rédigé par : Marc | 02 mai 2008 à 12:41
@ Marc,
Je ne veux pas répondre à sa place, mais Philippe Bilger, me semble-t-il, n’a jamais écrit que les jeux généraient la violence, comme vous dites. Il s’interroge sur le fait qu’ils puissent la faciliter. Relisez son texte. Je n’ai pas dit autre chose moi-même. Relisez donc le mien dans la foulée.
En revanche, pour ma part, je considère en effet, et sans nuances, que les toreros sont des personnages "abjects", pour reprendre vos propos, et je récuse même volontiers le terme de "ludique" que vous associez au spectacle sanglant qu‘est la corrida. J’entends bien que c’est là une question de convictions intimes, mais pour moi, la souffrance et la mort d’un être vivant ne sont pas et ne seront jamais un jeu. Quant à la boxe, je considère que c’est l’un des spectacles les plus stupides et les plus consternants que l’homme ait pu inventer. Comme nous sommes loin en l’occurrence des arts martiaux extrême-orientaux qui enseignent exactement l’inverse de ce défoulement barbare ; ces arts constituent une école de contenance, de patience, de maîtrise de soi.
Enfin, le spectacle répété de la violence n’est pas sans avoir des conséquences sur l’esprit humain, notamment celui des plus jeunes, contrairement à ce que vous assurez, je le répète, avec beaucoup de certitude (de mauvaises langues diraient que des propos si péremptoires sont la marque des sots…). Des chercheurs étudient notamment le rapport entre la violence faite à l’animal et celle dont les êtres humains sont victimes. J’en ai dit deux mots plus haut. Nous savons déjà que beaucoup de tueurs en série ont initié leur triste carrière en martyrisant des animaux. Par ailleurs, ces mêmes criminels, lorsqu’ils étaient enfants, ont souvent été confrontés au spectacle quotidien de la violence (père maltraitant la mère, etc.). Personne ne sera assez stupide pour dire que les jeux vidéos seuls sont à l’origine d’un drame. Vous répétez en fait, avec d’autres termes, ce que je disais sur ce point. Il n’en reste pas moins qu’il existe un effet d’accoutumance humaine à la violence et un danger de banalisation.
En parlant de "moralisation", Philippe Bilger touche, me semble-t-il, au cœur du sujet, puisque le problème n’est pas la représentation de la violence en elle-même (elle a toujours existé), mais le sens symbolique qu’on veut lui donner. Lorsque, jadis, les curés menaçaient les fidèles de toutes les flammes de l’enfer, lorsqu’ils leur infligeaient, dès la petite enfance, le spectacle d’un homme martyrisé sur la croix, cette image de la violence n’était pas séparée du symbolisme qui lui donnait son sens et venait l’inscrire dans une vision universelle du monde. Que l’on y adhère ou pas est une autre question. De même, les contes qui mettaient en scène des ogres, ou des loups mangeurs d’enfants, c’est-à-dire qui abordaient la vieille question du cannibalisme, n’étaient pas exempts de violence, mais celle-ci, encore une fois, était reliée à une symbolique (la peur de l’introjection par la mère) qui venait l’inscrire dans la condition humaine. Lisez la Bible et voyez combien de meurtres et d’horreurs s’y déroulent. Et pourtant ce livre-là a moins poussé au crime qu’il ne l’a empêché (je me situe au niveau individuel). Je sais que vous pourriez reprendre les mêmes arguments pour défendre la corrida, dire que celle-ci s’inscrit dans une violence ritualisée, comme celle des religions anciennes. Mais je vous répondrais d’une part qu’il existe une différence entre la violence symbolique et la violence réelle dans nos sociétés contemporaines et, d’autre part, que la corrida touche à une autre question fondamentale : celle de la condition animale.
Rédigé par : Laurent Dingli | 02 mai 2008 à 12:03
@Jean-Dominique Reffait
"T'as raison mon pote : GTA25 te propose de violer des bébés de 6 mois en phase terminale de leucémie, le top de la "jouabilité" !
Tiens, j'ai envie de t'éclater la gueule, tu permets ? C'est pour jouer !"
C'est tout de même hallucinant de voir la direction que prend systématiquement la critique dans certains domaines.
Quel rapport entre une vieille dame acariâtre qui emmerde le monde avec délectation, tous les vieux n'étant pas des anges en puissance mais quelques-uns aussi de futurs diablotins - Morgane n'est en effet jeune et belle que dans les rêves inspirés de son chaudron magique -, et qui se voit donc combattue dans un espace virtuel, et le crime inouï que vous évoquez et qui appartient à la catégorie dont je pense, pour ma part, que le simple fait d'en parler dans les médias satisfait quelque part de très sombres pulsions, ce qui fait que je suis totalement opposée au déballage indécent de détails qu'on est parfois amenés à y découvrir.
Maintenant, si vous souhaitez intégrer la 'gueule' virtuelle de 'mot' dans votre propre jeu et même la mienne ou encore celle d'un avocat général quelconque et vous éclater à les éclater en jouant de la manette à tous crins, vous seriez tout à fait dans le processus de décompression mentale des tensions et de la violence un peu semblable à celui qui vous ferait vous défouler sur un vrai punching-ball et non pas sur vos collègues que vous auriez pris par erreur pour des équipements de salle de sport.
Donc ne mélanchon pas tout JDR!
Rédigé par : Catherine JACOB | 02 mai 2008 à 09:39
@Laurent
Je persiste et signe, à ce jour il n'y a pas de lien démontré entre le jeu vidéo et la violence d'un jeune.
L'exemple tragique que vous citez ne prouve en rien la dangerosité des jeux vidéos, pas plus que celle du bowling ("Bowling for Columbine" suggère un parallèle entre le jeu de bowling et le massacre qui eut lieu, parallèle discutable).
Ensuite, je mentionne les échecs, merci de me permettre de le préciser. Le jeu d'échec est hors de tout soupçon, on ne viendrait pas à accuser ce jeu de provoquer une quelconque violence chez ses pratiquants. Pourtant, en prenant des exemples dans l'histoire des champions d'échec, vous constaterez vous-même qu'une proportion importante de grands maitres se sont suicidé, ou ont fini dans la dépression.
La faute au jeu d'échec ? Non, je crois plutôt que ce fut un terreau qui amena des gens déjà dépressifs à aller au bout de leurs névroses.
Je mentionne la corrida de façon plus polémique puisque cela reste un jeu, particulièrement sanglant et violent, pourtant à ma connaissance aucun torero n'a fait la Une d'un fait divers.
Tout cela pour dire que taxer les jeux vidéos, à l'inverse de la corrida, de la boxe ou des échecs, d'être générateur de violence me paraît sans fondement.
J'ai cité ensuite les vrais problèmes que posent déjà ces jeux, et il me paraît plus important de s'en soucier.
Un dernier mot sur le "burlesque" que vous ressentez en me lisant. Un signe d'intelligence pourrait être de creuser un peu, ou de demander des précisions, ou encore d'ignorer, plutôt que d'employer un langage qui finalement met à jour votre manque de perspicacité.
Rédigé par : Marc | 01 mai 2008 à 23:19
@ Marc
Vous affirmez, avec assurance, que les jeunes savent faire la différence entre le réel et le virtuel, alors que vous-même assimilez de manière assez burlesque le torero au joueur d'échec… Le fait que vous ne voyiez même pas la différence entre le fait de tuer un animal pour se divertir et le geste qui consiste à déplacer innocemment un pion sur un échiquier milite pour la thèse inverse de celle que vous défendez.
@ emachedé
Il n'y a pas d'un côté le jeu vidéo qui serait un défouloir et de l'autre la violence réelle. Les rapports sont complexes et incitent à formuler des analyses prudentes suivant la personnalité des joueurs. Tout le monde sait que les deux adolescents meurtriers de Littletown (Columbine) étaient des amateurs de jeux vidéos violents. Que la justice américaine ait rejeté la plainte des parents, ne signifie pas que ces jeux n’aient eu aucun impact (les causes sont bien évidemment plus profondes et il faut prendre en compte la volonté des parents de se décharger de leurs responsabilités). Bien sûr, pour l'extrême majorité des utilisateurs, les conséquences restent nulles et les jeux contribuent peut-être à les « défouler » , mais justement, ce n’est pas de ceux-là dont il s‘agit, mais d’une extrême minorité composée de personnalités fragiles qui ont du mal a établir une distinction entre la réalité et leur scénario interne (c'est le cas de certains psychotiques). L'interrogation de Philippe Bilger est donc tout à fait pertinente.
Rédigé par : Laurent Dingli | 01 mai 2008 à 19:55
Le Petit Robert nous donne cette définition du mot jeu : « Activité physique ou mentale purement gratuite, qui n'a, dans la conscience de la personne qui s'y livre, d'autre but que le plaisir qu'elle procure. »
La morale est absente de cette définition, doit-on rappeler que sur bien des plans, morale et plaisir ont une co-existence difficile voire contradictoire ?
Le plaisir de transgresser, s’adonner à la violence est enracinée en nous, fait partie de nous. La société a depuis la nuit des temps développé des moyens de nous confronter avec d’autres dans le sport et les jeux (ne dit-on pas « jeux de société » ?).
Condamner un jeu parce que, précisément, le vainqueur n’a pas reposé son triomphe sur des bases morales est hors sujet. Le boxeur, le torero, le joueur d’échec sont-ils des êtres abjects ? Certains sans doute, mais pas par leur activité ludique.
Toutefois la forme dans laquelle se réalise le jeu est indissociable du fond. La boxeur, le torero ont des règles, et même plus que cela, un code d’honneur. Un honneur fondé sur des valeurs de loyauté et de respect. On ne reprochera pas à un boxeur d’avoir envoyé son adversaire à l’hôpital, lui causant peut-être des lésions graves, en revanche on le lui reprochera s'il est avéré qu’il aura triché ou brisé son code d’honneur.
L’image de Mohamed Ali retenant son dernier coup face à un Foreman allant de toute façon au tapis est pour moi la plus belle image de cette rencontre historique au Zaïre. Minimalisme des moyens dans cette tempête de violence.
A l’inverse un Mike Tyson arrachant l’oreille de son adversaire dans la rage du combat reste une tache de honte sur la carrière d’un homme qui aurait pu entrer dans la légende.
Ce ne sont pas les insultes et intimidations d’avant match, rituel théâtral et ludique, qui font la morale d’une rencontre, mais ce qui se passe sur le ring, les détails, les attitudes, qui font dans la violence extrême la différence entre un grand boxeur et une brute épaisse.
Ce genre de code d’honneur, de règles, sont absents des jeux vidéos, en cela que le joueur est seul avec lui-même, sans adversaire réel. Quand bien même les réseaux permettent de jouer à plusieurs, l’adversaire dans ce cas, bien qu’étant humain, n’a d’apparence pour notre joueur que l’avatar qu’il affronte, indistinct de la machine.
Sans le regard de l’adversaire, notre joueur est donc libre de toute contrainte sociale, les jeux vidéos n’ont pas vocation à être sociabilisant.
Les excès en sont connus, déscolarisation, perte de vie sociale (les « nerds »), etc…
De plus, les jeux videos comme GT4 scénarisent une réalité virtuelle grâce aux moyens qu’offre l’informatique désormais.
Le jeu du gendarme et du voleur devient troublant lorsqu’il est réaliste à ce point. Commettre des délits, voire des crimes, dans une ville très bien reconstituée, avec des personnages souffrants, mourants, appelle au questionnement.
Quelle lecture peuvent en faire des jeunes gens ? Peut-il y avoir confusion avec la réalité ?
Tout d’abord rappelons que GT4 est «déconseillé aux moins de 18 ans », précaution indispensable bien que futile. Je n’imagine pas une seconde que les adolescents se refuseront cette acquisition, et les parents les mieux intentionnés auront du mal à les en décourager.
Néanmoins cette précaution a été pensée par les auteurs du jeu, conscients sans doute que de jeunes esprits pourraient être choqués par le réalisme mis en scène.
Une éducation aux médias me semble donc indispensable sur ce plan aussi.
Le cinéma, la télévision, internet et les jeux vidéos, exigent une initiation encore trop absente de l’école et des foyers.
Toutefois les études tendent à montrer que la confusion entre réalité et virtuel n’est que le fait d’une minorité, laissant penser que les faits divers spectaculaires n’ont pas leur cause dans le jeu vidéo.
On ne tue pas des gens parce qu’on tue des avatars des heures durant, le lien entre les deux n’existe pas pour l’heure.
Ce qui m’inquiète le plus par rapport à ces jeux n’est donc pas l’immoralité ou les pulsions de meurtres qu’ils pourraient induire, mais plus sérieusement la désociabilisation qui découle de leurs abus, de l’absence du regard des autres, d’un adversaire, et du traumatisme que peuvent engendrer la vision trop précoce d’images sanglantes.
Bien à vous
Marc
Rédigé par : Marc | 01 mai 2008 à 14:40
Pour GTA, le jeu vidéo, il faut se représenter celui-ci comme un défouloir !
Son succès vient de son immoralité et permet aux jeunes comme au plus vieux de se décharger du stress de l'école, du travail, de la vie en société. Mieux vaut ça qu'un pétage de plomb plus réel, style arme de chasse.
Pour la politique étrangère : Nicolas a littéralement baissé son froc devant les dictateurs de la planète : Tchad, Libye, Chine, Tunisie. Les manuels d'Histoire seront, on l'espère, là pour le mentionner.
Pour l'arrestation de Mr Cholet, c'est une honte et montre l'incompétence des différents ministres à ce que la Police ait les moyens de passer dans le XXème. Je n'ai pas osé mettre XXIème siècle.
Ils n'ont ni les moyens de faire leur job, ni les formations adéquats, ni des outils adaptés.
Quand on voit que la police municipale va avoir le droit de porter des tasers alors que d'une part ceux-ci ont prouvé leur dangerosité, d'autre part la formation et le niveau intellectuel de la police municipale est pitoyable par rapport à la nationale.
Pensez qu'on peut recruter un policier à un niveau inférieur à celui d'un jardinier. Pour ce dernier, il faut un niveau brevet plus un CAP. Pour un policier avec le plus bas des échelons, aucun diplôme n'est requis.
Ca laisse rêveur.
Mais l'industriel qui vend des tasers se frotte les mains.
Corruption & Politique ?
Emachedé,
Blog Cpolitic : Actualités Politiques traitées avec Humour via des affiches de cinéma détournées
http://cpolitic.wordpress.com
Rédigé par : emachedé | 01 mai 2008 à 14:02
L'Etat de droit n'est jamais complet, même en France.
Par exemple lorsque les polices considèrent que toute personne est un présumé délinquant ou présumé contrevenant et traitent cette même personne sans aucune courtoisie ; hélas il ne s'agit pas de cas isolés.
La gendarmerie se conduit en général élégamment. Qu'arrivera-t-il lorsque la fusion avec la police sera réalisée ?
Rédigé par : mike | 01 mai 2008 à 11:12
J'entends les arguments développés par notre talentueux hôte s'agissant du respect des droits de l'Homme et de la tentation de nous ériger simultanément en modèle et juge de cela.
Pourtant, le propos de Chantal Delsol, dans le Figaro, m'a semblé lorsque je l'ai lu particulièrement pertinent, dans la mise en perspective des "traditions" et dans le rapprochement.
Loin de moi l'idée de convertir quiconque à un point de vue. Par contre, il me semble a-propos de suggérer la lecture de "La Chine et la démocratie", dirigé par Mireille Delmas-Marty et Pierre-Etienne Will, professeurs au Collège de France, comme une oeuvre susceptible de nourrir une réflexion sur l'évolution de la Chine et la construction de son Etat de droit, qui par son importance fera de l'ombre ou participera à éclairer ce nouveau siècle.
C'est tout l'enjeu, me semble-t-il de Pékin 2008.
Je donne le lien de l'émission consacrée à l'un des co-auteurs, Mireille Delmas-Marty.
http://www.canalacademie.com/la-Chine-et-la-democratie.html
S'agissant du début de ce siècle, deux dates me semblaient marquantes : le 11 septembre, avec les attentats d'Al-Qaïda, et l'échec du cycle de Doha.
Pour Mme Delmas-Marty, le 11 décembre de cette année-là marque une date majeure : l'entrée de la Chine dans l'OMC.
Ce facteur a, selon elle, contribué à dynamiser l'Etat de droit, la (lente) mise à jour constitutionnelle, en Chine.
Rédigé par : sept ans en 1968 | 01 mai 2008 à 10:58
http://tunisie-harakati.mylivepage.com
Cholet n'aurait pas dû être laissé en liberté sans aucun suivi. Il faut arrêter d'accuser les jeux interactifs de tous les noms. Les gens doivent faire la différence entre le virtuel et la réalité. Les prétextes sont trop faciles, les excuses non fondées. Des innocents ne sont pourtant pas à l'abri d'aller en prison, je parle uniquement du cas de madame Sameh Harakati, en détention en Tunisie. Mais il ne faut pas oublier effectivement que parfois comparaison n'est pas raison. Alors jugez de vous-même l'innocence ou la culpabilité de madame Harakati Sameh en allant sur son site internet.
http://tunisie-harakati.mylivepage.com
Rédigé par : Aaron | 30 avril 2008 à 23:43
Hep, Philippe ! Z'avez pas saisi les nuances ? Vous avez la main d'oeuvre, nous avons l'intelligence, vous avez la schlague pour faire bosser la main d'oeuvre, nous avons les droits de l'homme pour motiver l'ego de notre intelligence, si vous mélangez tout ça, c'est râpé, foutu ; l'ingénieur français fait sa dépression et l'ouvrier bougnoule se prend pour un émir du pétrole ! Tandis que flatter le président à vie d'un pays si généreusement pourvu en fabricants de T-shirts pas chers, ça le dispose bien ce sauvage, il est content le potentat avec la verroterie morale qu'on lui échange contre la sueur de ses sous-smicards, mais bien sûr que les libertés progressent, et comment donc : d'ici peu, l'électricité des gégènes sera nucléaire, c'est pas moderne ça ?
@mot
Bien ri en lisant votre commentaire. Le mec qui se qualifie lui-même de sur-diplômé, ça me le classe direct dans le tiroir des incurables cons, navré de vous le dire ! Disposant d'un emploi très qualifié qui plus est, un ange, ben voyons, il ne manque que le QI de 250 et un coefficient masturbatoire 3 fois supérieur à la moyenne d'un adolescent de 15 ans et le tableau sera complet ! "Je vois pas ce qu'il y aurait de mal à taper des grands-mères dans un jeu vidéo" nous assène ce glandu ! T'as raison mon pote : GTA25 te propose de violer des bébés de 6 mois en phase terminale de leucémie, le top de la "jouabilité" !
Tiens, j'ai envie de t'éclater la gueule, tu permets ? C'est pour jouer !
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 30 avril 2008 à 23:36
Têtuniçois nous écrit que « Que dire des libertés en France quand le gouvernement UMP a commencé à ficher (avec le logiciel ARDOISE) les homosexuels, les SDF, les handicapés... Pas simplement les victimes ou les suspects mais aussi les simples témoins ! », en prétendant que « que c'est à cause des fichiers de la police française que les homosexuels d'Alsace et de Moselle ont été arrêtés et déportés par les nazis ».
Catherine Jacob ajoute que « Maintenant les fichiers c'est un peu comme les cafards ».
Ce qui est épatant dans l'affaire du « fichier ARDOISE », c'est que logiciel ARDOISE n'est pas un fichier.
Un fichier, c'est une liste de personnes ou objets regroupés selon des critères déterminants permettant d'effectuer des recherches. Existe par exemple le Fichier des Véhicules Volés, on encore le Système National des Permis de Conduire, ou encore le Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques.
ARDOISE est un logiciel de rédaction de procédure, destiné à remplacer une antiquité nommée LRP. Comme toute nouveauté, il n'est pas sans défauts et fait l'objet de certaines critiques.
Il existe bien la possibilité, si critiquée, pour les policiers de renseigner certains champs destinés à figurer dans les synthèses des procès-verbaux.
Mais il paraît évident que ces champs sont toujours à mettre en relation avec l'enquête en cours, comme c'est déjà le cas avec LRP.
On n'imagine pas un policier poser des questions sur sa vie sexuelle à quelqu'un venant déposer plainte pour cambriolage.
On n'imagine pas plus un policier qui omettrait de préciser les orientations sexuelles de quelqu'un déposant plainte pour violences volontaires commises avec la circonstance aggravante d'être motivées en fonction de son orientation sexuelle.
Il n'y a pas constitution de fichier, il n'y a pas mention superflue de choses qui ne seraient pas apparues dans le procès-verbal.
Il existe donc une désinformation manifeste concernant ce logiciel. On peut s'étonner que la ministre de l'Intérieur n'ait pas cru bon, dans ses communications sur le sujet, de préciser la nature même d'ARDOISE.
Plus en détail à :
http://riesling.free.fr/20080415.html
Quant aux considérations sur le génocide nazi, s'il fut mis en oeuvre, c'est avant tout par motivation idéologique, et non pas possibilité technique.
Si un tel génocide devait être commis aujourd'hui en France, les moyens techniques étant largement plus étendus, il serait d'autant plus grave.
Mis à part vivre dans des grottes en chassant le mammouth -stopper l'évolution de la technique-, ce problème est insoluble.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi (pas l'autre Marcel) | 30 avril 2008 à 19:54
J'ai lu attentivement le texte de Chantal Delsol dans le Figaro. Je ne partage pas son opinion. Elle a raison de nous mettre en garde contre notre ethnocentrisme en nous invitant à ne pas confondre holisme et totalitarisme (ce que je n'ai jamais fait pour ma part, il me semble). Mais toutes les différences culturelles du monde ne sauraient justifier ni le Darfour, ni la Birmanie, ni le Tibet, ni les autres manquements graves aux respects élémentaires de la personne humaine. Sortons des positions extrêmes qui font traiter les uns de donneurs de leçons arrogants et les autres de complices d'un prétendu Etat totalitaire ce que la Chine, évidement, n'est pas. Mais, au-delà des formules et des joutes oratoires, il y a des morts bien réels, chaque jour, notamment au Darfour dont Bernard-Henri Lévy - que nous l'aimions ou pas - a raison de nous rappeler sans relâche l'existence. La Chine a vocation à devenir un jour la première puissance mondiale. Cette position éminente octroie bien des droits. Il est juste aussi de lui rappeler ses devoirs, non pas en tant que Français arrogants, mais en tant que simples citoyens du monde.
Rédigé par : Laurent Dingli | 30 avril 2008 à 19:33
C'est vrai que la sortie de ce jeu vidéo interactif GTA IV dans le commerce est assez stupéfiante.
Mais la violence spectacle dans les arènes d'une corrida l'est tout autant à mon sens.
Surtout lorsqu'on vous dit que cela ne peut être cruel, cet "art" étant régi par des codes très stricts. Belle hypocrisie !
Rédigé par : Aude | 30 avril 2008 à 19:10
Nous nous interrogeons sur les sources de la violence, sur ce qui peut l’alimenter, notamment certains jeux vidéos. A ce sujet, il existe un domaine dont on parle encore peu, bien qu’il suscite de plus en plus l’intérêt du public : celui de la violence que nous faisons subir à l’animal. Dans un livre au titre provocateur "Un éternel Treblinka", un universitaire américain, Patterson, a étudié le lien entre la violence que nous infligeons aux autres espèces et notre rapport général à la violence (je ne l‘ai pas encore lu) ; cette thèse a été discutée récemment sur France Culture par des philosophes comme Elisabeth de Fontenay dont l'ouvrage "Le silence des bêtes", paru il y a dix ans, est depuis lors une référence, sans parler du livre qu‘elle a co-signé avec Alain Finkielkraut. En résumé, la thèse de Patterson est que la cruauté dont nous faisons preuve envers l’animal contribue, sinon détermine, notre violence en général. Un pas décisif a été franchi dans cette voie avec la taylorisation, et plus particulièrement, le fordisme. C’est d’ailleurs en observant un abattoir qu’Henry Ford a eu l’idée de sa célèbre méthode. La décomposition et la spécialisation des tâches en vue d’une efficacité et d’un rendement optimaux nous ont davantage éloignés de la réalité du vivant et de la souffrance des animaux. Le titre, bien sûr peut choquer, mais il prend un autre éclairage quand on sait qu'il est emprunté à Isaac Bashevis Singer. Des Juifs ont été d’ailleurs parmi les premiers à établir un parallèle, avec toutes les précautions qui s’imposent, entre ces deux exterminations de masse. Mme de Fontenay parle à ce sujet d'une véritable "obsession juive" d'après 1945 (Adorno, Horkheimer, Canetti, Gary). La philosophe quant à elle, émet d’importantes réserves sur la comparaison de Patterson, réserves que je partage pour l‘essentiel. Comparaison n’est pas raison. Il n’en reste pas moins que, si l’on fait litière des positions et des amalgames les plus extrêmes, ce lien incite à la réflexion. Dès avant guerre, Alfred Döblin, un juif allemand, avait décrit avec beaucoup de force les abattoirs de Berlin.
Vous m'excuserez d'avoir poussé trop loin la digression et d'abuser ainsi de votre hospitalité.
Pour l’émission et les interventions de Florence Burgat, directrice de recherches à l’INRA et de Frédéric Gros, professeur à Paris XII : http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/vendredis/fiche.php?diffusion_id=59149
Voir aussi le film bouleversant « Notre pain quotidien » de l‘Autrichien N. Geyrhalter, sorti en mars sur les écrans, qui montre pour la première fois toute l’horreur de nos élevages industriels :
La bande d’annonce : http://www.youtube.com/watch?v=4Hy7Kw0hV44
Et un autre extrait encore plus poignant : http://www.youtube.com/watch?v=Q1YZSvShdGU&feature=related
Rédigé par : Laurent Dingli | 30 avril 2008 à 14:13
J'ai lu le point de vue de Chantal Delsol et je souscris à son opinion, s'agissant de la Chine. La question des droits de l'Homme est, en France, devenue un fourre-tout. A mon sens, la situation du Tibet n'est pas tant une affaire des droits de l'Homme qu'une question d'intégrité territoriale et nationale pour la Chine.
Par ailleurs, les gesticulations de RSF et de M. Ménard, qui persiste et signe en réclamant des athlètes français participant aux JO, qu'ils adoptent un signe emprunté au langage des sourd-muets pour signifier leur engagement, prouve que M. Ménard n'a rien compris.
J'observe que, après la visite des "émissaires" français à Pékin, la Chine a ouvert la porte au dialogue avec le Dalaï Lama, et que cela n'est certainement pas dû à la pression et au battage médiatique.
Le Dalaï Lama, lui-même, s'est déclaré preneur et, hier soir, a estimé que cette rencontre pourrait avoir lieu à Paris, puisque, selon ses propres termes, "la France était dans le rôle qu'elle avait choisi d'adopter, celui de facilitateur".
S'agissant de la liberté religieuse, et même si c'est un signal très "subtil", il est à noter que l'orchestre national de Chine est allé, hier ou avant-hier soir, jouer du Mozart pour Benoît XVI au Vatican.
C'est un petit événement en soi qui dépasse le cadre musical. Cela fera plaisir sans doute à têtuniçois qui doit se rassurer cependant : Voltaire, comme tous les défunts, ne peut pas se retourner dans sa tombe.
Quant à la Tunisie, elle a su éviter la vague islamiste. Sa population a un niveau de vie général plus élevé que ses voisins et, si la situation lui était intenable, elle se serait soulevée.
Les Tunisiens sont-ils moins hommes lorsqu'il préfèrent, à la majorité, la stabilité aux affres dans lesquels ont plongé ou sont exposés certains de leurs voisins ?
Quant aux droits de l'Homme en France, ils sont parfaits. Reste qu'un pays qui depuis trente ans, creuse les déficits, alourdit la dette léguée aux futurs contribuables, se refuse à la modernisation (réforme) de son Etat, de son Education Nationale, de sa Justice, considère la mondialisation comme une malédiction, reste qu'un tel pays me paraît oublieux de ce qui constitue le pendant des droits de l'Homme : la responsabilité de l'Homme.
Elle est plus difficile à concélébrer.
Rédigé par : Sept ans au Tibet | 30 avril 2008 à 13:43
Têtuniçois
«Souvenons-nous que c'est à cause des fichiers de la police française que les homosexuels d'Alsace et de Moselle ont été arrêtés et déportés par les nazis... la droite n'a pas retenu les leçons du passé.
C'est la gauche en 1981 qui a supprimé ces fichiers de la honte.»
Mme Alliot-Marie déclare semble-t-il vouloir également supprimer le fichier «ardoise» dont certains pensent le fonctionnement... obsolète !
Maintenant les fichiers c'est un peu comme les cafards, il suffit d'oublier une oothèque de blatte quelque part pour être réinfesté en un temps record. Si vous voulez mon humble avis c'est ce qui s'est passé en 1981 et pour supprimer toutes les blattes fantômes qui apparaissent et réapparaissent régulièrement tandis que des fichiers utiles et licites n'ont pas le temps d'être mis à jour, il faudrait plus que de la bonne volonté à gauche comme à droite.
Mot
«Il est évident que vous n'avez pas la moindre notion de ce que peut, ne serait-ce qu'être un jeu vidéo... N'abordez donc pas ce sujet !»
Personnellement je pense que toutes les opinions informées et moins bien informées sont utiles à connaître. En premier lieu parce que l'opinion joue un grand rôle dans les démocraties, bien qu'elle soit souvent autant informée sur les questions qui la font bouger que notre hôte sur les jeux vidéo.
Rédigé par : Catherine JACOB | 30 avril 2008 à 08:43
"...il n'est plus question de principes ni de valeurs. Mais de morts et d'enfermements. De transgressions qui ne devraient pas être régies par les humeurs étatiques mais interdites par la bienséance humaine. "
Je partage ce que vous défendez dans cette note. Un humanisme qui prend appui sur une identité construite au fil du temps.
Je pense qu'un pays, comme une personne, a toujours intérêt à dire et à affirmer ce qu'il est.
Plus un être humain est construit et structuré, plus l'échange avec l'autre sera riche et aisé.
Donneur de leçons effréné d'un côté, droit à l'indifférence de l'autre ?
Ces deux attitudes sont pour moi la traduction d'une même hésitation, et d'un même brouillage de l‘identité profonde.
Je pense que la vraie difficulté, toujours, est de savoir qui nous sommes. De savoir se choisir, pour exister au mieux et avec force dans le regard de l'autre.
Rédigé par : Véronique | 30 avril 2008 à 08:00
Depuis que Sarkozy a été élu, les Lumières se sont éteintes en France. Voir le représentant de la France laïque oser dire en Arabie Saoudite que "la religion libère l'homme"... Voltaire doit se retourner dans sa tombe.
Que dire des libertés en France quand le gouvernement UMP a commencé à ficher (avec le logiciel ARDOISE) les homosexuels, les SDF, les handicapés... Pas simplement les victimes ou les suspects mais aussi les simples témoins !
Souvenons-nous que c'est à cause des fichiers de la police française que les homosexuels d'Alsace et de Moselle ont été arrêtés et déportés par les nazis... la droite n'a pas retenu les leçons du passé.
C'est la gauche en 1981 qui a supprimé ces fichiers de la honte.
Sarkozy et les droits de l'homme ?
il suffit de penser à son lapsus ô combien révélateur "l'homme n'est pas une marchandise comme les autres".
Tout est dit.
Rédigé par : Têtuniçois | 30 avril 2008 à 00:19
Bonjour Mr. Bilger,
Je lis votre blog toujours avec intérêt.
Ceci étant dit, je préfère lorsque vous dissertez sur des sujets que vous maîtrisez. Il est évident que vous n'avez pas la moindre notion de ce que peut, ne serait-ce qu'être un jeu vidéo... N'abordez donc pas ce sujet !
Moi-même, je ne suis pas un très grand utilisateur de jeu vidéo ; je n'en achète que très rarement et n'y joue plus guère. Je dois avouer cependant que GTA est un jeu qui m'a toujours époustouflé au niveau de la qualité de réalisation, la jouabilité, etc. Je pense donc acquérir le GTA4. Je ne suis pour autant pas un grand criminel..., au contraire on me considèrerait plutôt comme un sur-diplômé ayant un emploi très qualifié, et sur le plan personnel, un ange qui ne ferait pas de mal à une mouche (et c'est le cas je vous assure !)... et si cela m'amuse de voler des voitures et de taper des grand-mères dans un jeu vidéo... je ne vois pas en quoi cela menace la société.
Laissez les gens jouer... si on commence à empêcher cela, où va-t-on Mr. Bilger ?
Rédigé par : mot | 29 avril 2008 à 20:03
Concernant le jeu vidéo GTA IV, s'il est assuré qu'il ne permet pas au joueur d'incarner un modèle social, comme un film, il permet à son joueur de participer à une mise en scène.
Tout comme un film ou la rubrique faits divers de la presse, son impact sur de jeunes esprits peut être grandement néfaste, s'il y a un défaut d'encadrement et de suivi familial.
La capacité de distinction entre réel et fiction, entre bien et mal, ne me semble pas tenir au fait de visionner un film ou de jouer à un jeu. Ce n'est pas la connaissance des possibilités délinquantes et criminelles qui font le voyou, mais bien l'absence d'analyse de cette connaissance.
Le joueur normalement éduqué sait, par exemple, faire la différence entre la mort d'un personnage et celle d'une personne.
D'ailleurs, j'aurais tendance à penser que ceux qui passent du temps à jouer à la console ne sont pas forcément en train de commettre ces faits - qui n'ont pas attendu l'apparition du jeu vidéo pour se produire.
Bref, il ne faut pas se laisser aller à un discours frileux sur les jeux vidéos, qui prendra prétexte d'un joueur, instable, ayant de grosses difficultés rationnelles, ayant dérapé, pour condamner l'ensemble des jeux vidéos, en ignorant tous ces bons pères de famille ou jeunes sans histoires, joueurs invétérés, qui savent faire la différence entre ce qu'ils sont et les personnages, bons ou mauvais, qu'ils incarnent dans différents jeux.
Si le monde n'était fait que de joueurs, les uns tuant des personnages sur des champs de bataille virtuels, les autres volant des voitures virtuelles, le monde n'irait pas si mal.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 29 avril 2008 à 19:23